Les nouvelles technologies viennent transformer les modèles économiques au sein de nos entreprises, et font évoluer les méthodes de travail. On parle ainsi de « l’industrie du futur 4.0 ». Elles rapprochent aussi l’humain et les machines via le numérique :
Objets connectés (IoT), maintenance prédictive et prévisionnelle, IA (Intelligence Artificielle), réalité augmentée/virtuelle, drones, impression 3D, développements graphiques sans programmation, low/no code…
Autant de sujets évoqués par Yannick Marion, CEO Beelse et Enguerran Charlopain, Product Manager Algo’Tech, dans le cadre d’un plateau TV animé par Jean-Luc Sanjosé, directeur commercial DIMO Maint.
Comprendre les enjeux de la digitalisation de la maintenance
Beelse et Algo’Tech : des nouveautés et des innovations
Yannick Marion (Beelse) explique :
La technologie Beelse Cloud Manufacturing (BCM) constitue un entrepôt numérique où l’on stocke l’ADN numérique d’une pièce – c’est-à-dire l’ensemble de ses caractéristiques techniques, mécaniques, esthétiques – et son fichier 3D avec tous les paramètres machine qui permettent de la produire en conformité avec le cahier des charges. Ce lieu sécurisé n’est accessible qu’au seul client.
Beelse vient mettre en place des moyens de production issus de la fabrication additive, comme l’impression 3D industrielle, soit chez nos clients, soit chez des prestataires professionnels disposant de machines industrielles de fabrication additive. De ce stock numérique, on peut produire à la demande une pièce tous les ans ou tous les deux ou trois ans, jusqu’à plusieurs centaines de milliers de pièces/mois si besoin. La commande se passe dans l’entrepôt numérique à la manière d’un site e-commerce. On indique tout simplement le nombre de pièces et le lieu de livraison. Le système se débrouille seul ensuite pour localiser le moyen de production disponible en temps réel au plus près du lieu de livraison ».
Il y a donc de l’hébergement via le cloud, un service en ligne accessible via un simple navigateur à un système de production variable : il est collaboratif car on vient mettre à disposition des moyens de productions disponibles en regard de besoins en temps réel, quel que soit le lieu de la demande. En matière de maintenance, on s’affranchit donc des enjeux de sourcing et du temps. C’est un vrai gain d’autonomie pour le commanditaire.
On parle de fabrication additive car il s’agit de fabrication par ajout de matière, en opposition à la fabrication soustractive où on part d’un bloc. Il s’agit de pièces techniques avec une résistance mécanique à la chaleur, qui vont en autoclaves, pour l’IoT, avec des contraintes mécaniques fortes. Il y a du plastique, du métal, parfois de la céramique, de la résine. Le cloud manufacturing est apparu au début des années 2010, mais la mise en œuvre est très récente et rendue possible par un amalgame de technologies qui n’existaient pas avant.
De son côté, Enguerran Charlopain (Algo Tech) :
Nous accompagnons la transformation numérique des entreprises du bâtiment. Cela passe par une phase d’acceptation de la technologie, le passage du papier au numérique. Notre plateforme applicative web et mobile permet de créer sans compétences de développeur via la technologie « no code » des applications métiers autour de la maintenance et des métiers techniques. Il s’agit de visual programming, c’est-à-dire un agencement de tâches faisant appel à des données structurées dans des logiciels externes tels qu’une GMAO, soit dans les logiciels du SI du client. On ne modifie pas l’architecture informatique du client, mais on vient se plugger dessus pour utiliser les données qui se trouvent dessus.
Face à une pénurie de développeurs, disposer d’outils simples et facile à mettre en œuvre est un atout permettant de créer des applications beaucoup plus rapidement, sachant qu’on peut disposer d’un produit minium viable en seulement quelques jours. Le retour rapide de l’utilisateur permet de mener rapidement les ajustements nécessaires pour coller au plus près à ses attentes. La différence avec le low code vers lequel tendent tous les éditeurs, c’est qu’il y a une part de code informatique ».
Comment ça marche ?
« Il faut avoir la volonté d’aller vers des systèmes innovants de gestion de pièces détachées dans son entreprise. C’est la clé de voûte du succès du projet. BCM a une partie libre d’accès. L’outil de production est infini et propose les dernières technologies sans avoir besoin d’investir dans des machines. Le fichier 3D de la pièce est la première étape. Il peut y avoir différents cas d’usage dans le cadre d’une maintenance industrielle : le BE interne a dessiné la pièce, soit une machine est propriétaire d’un fournisseur et il faut demander le fichier 3D, soit l’intégrer dans la boucle avec l’industriel qui organise sa maintenance, Beelse et le fournisseur pour pouvoir mettre en place un nouveau business model apportant une rétribution à la propriété intellectuelle du fournisseur sur la pièce. Si le propriétaire ne veut pas céder son fichier, il peut l’intégrer sur BCM pour qu’il reste confidentiel et qu’il en soit rémunéré » assure Yannick Marion.
ARTICLE : OPTIMISER LA GESTION DE VOS PIÈCES DÉTACHÉES
Il ajoute :
« Les algorithmes de BCM proposeront alors le meilleur couple matière-machine. Une production se lance en une dizaine de jours calendaires. Une phase de présérie suit : on s’assure physiquement que la pièce fonctionne dans un environnement réel, sur banc d’essai. Une fois verrouillé, l’ADN est stocké à vie dans l’entrepôt numérique du client. Ensuite, on met tout simplement le nombre de pièces voulues dans un panier de livraison. Côté maintenance, on va depuis la pièce unitaire jusqu’à de grosses séries de 10 000 unités. L’ensemble de nos clients en Auvergne-Rhône-Alpes ayant un besoin de production local trouvent des fournisseurs localement ».
Pour Enguerran Charlopain :
« La solution Vision d’Algo Tech s’adresse à deux types d’utilisateurs. D’abord, les modélisateurs développent sur notre studio Vision. Nous avons intégré plusieurs modules sur notre plateforme permettant de créer ses propres modèles de données, ses propres workflows et connecteurs avec les différents logiciels du SI. Il est possible de personnaliser les interfaces. Les applications seront poussées sur un serveur SaaS et mis à disposition pour les utilisateurs finaux. La modélisation des applications de maintenance peut être faite soit par l’utilisateur final, Algo Tech ou un intégrateur tiers.
Le technicien de maintenance va utiliser l’application finale poussée sur le serveur et qui est souvent connectée à la GMAO. On va pouvoir proposer des outils complémentaires à des workflows de GMAO pour répondre à des besoins ou des clients spécifiques. On peut par exemple chercher dans la GMAO des listes d’équipements, des informations sur les équipements en question, des bons d’interventions afin d’aider à la maintenance prédictive, pouvoir collecter de la donnée et l’analyser dans un second temps. Il est aussi possible de se connecter à des ERP. Le but : agréger la donnée et la mettre à disposition des techniciens et intervenir en toute sécurité et optimiser son intervention ».
LIRE L’ARTICLE SUR LA CONTINUITÉ NUMÉRIQUE
LES QUESTIONS DES INTERNAUTES
Des cas concrets dans les services Maintenance
Yannick Marion cite le groupe A Raymond, une ETI grenobloise du secteur de l’automobile, dont la branche « Life » est tournée vers la pharmaceutique : « Ils ont différents cas d’usage et veulent gagner en autonomie pour obtenir des pièces sur une durée donnée. Ils utilisent BCM pour de l’engrenage, des pinces pour de la robotique, des guides etc. Tout un ensemble de pièces d’usure est intégré dans BCM. Des pièces servent en amélioration continue sur des lignes de production, pour augmenter la performance de productivité, d’autres sont conçues pour améliorer l’environnement et l’ergonomie du poste de l’opérateur. On peut maintenant mettre des codes couleur par ligne ».
Enguerran Charlopain estime gagner entre 5 et 10 fois en temps de développement pour créer une application, et pour un coût réduit : « La satisfaction de l’utilisateur est décuplée. Pour les applications issues du logiciel, le ROI est principalement un gain de temps, la facilité d’accès à l’information. Ainsi, un client qui fait de la maintenance de moteurs avait besoin, outre les gammes de maintenance de sa GMAO, d’avoir accès à des documents présents dans des logiciels très spécifiques, à des bases de données hors de la GMAO. Il fallait agréger toutes ces informations pour les mettre à disposition du technicien terrain sur un mobile et lui éviter de devoir aller les chercher en divers endroits ».
Des technologies réservées aux seules grandes entreprises ?
Selon Yannick Marion : « Utiliser BCM est un avantage pour les PME car elle bénéficie d’une nécessaire immédiateté. Mais Beelse sait travailler avec tout type d’entreprise, de la startup au grand groupe industriel ayant des enjeux de pièces détachées et de maintenance industrielle. Il n’y a pas de coût d’entrée, l’accès est libre. Le ROI est immédiat, et on gagne de l’argent dès la première pièce. On devient par ailleurs éco-responsable par l’usage car on produit au plus près du besoin ».
Même son de cloche pour Enguerran Charlopain : « La transformation numérique n’est pas l’apanage des seuls grands groupes. Vision travaille avec de la PME, de la TPE, de l’ETI et du grand groupe ».
La covid a-telle impacté la fourniture de certaines
matières premières ?
Yannick Marion assure que les délais ne se sont pas allongés sur BCM, même si les clients ont effectivement été impactés dans leurs activités. L’avantage de BCM selon lui : « Nous utilisons des matières premières produites en Europe pour certaines. Nous n’enregistrons pas de pénurie pour l’instant autour de la fabrication additive, en plastique ou métal. Avec un sourcing chinois, il y aurait eu un surcoût au container, or nous produisons localement ».
Faut-il envisager une transformation numérique par étape ou d’un seul bloc sur ces technologies ?
« La transformation numérique de nos clients s’est faite par petites touches successives. Ils utilisent à peine 15 à 20% de leurs applications. Une fois que quelque chose tourne bien, ils avancent pas à pas. Nous commençons avec eux par du « design thinking », de la modélisation d’application de manière graphique. On passe très vite au prototypage, à un produit minimum viable qui fonctionne tel qu’il est et sur lequel on précisera les besoins de nos clients » estime Enguerran Charlopain.
Côté BCM, il est possible de progresser pièce par pièce, en commençant par des sujets simples, sans trop de contraintes normatives ou techniques, mais avec un enjeu de disponibilité. Yannick Marion explique : « On peut les aider à identifier ces pièces, on se rend sur site si l’entreprise ne dispose pas forcément de BE interne. Nous avons des concepteurs industriels en capacité de dessiner des pièces qui n’existent pas en fichier numérique. On se rend compte que les collaborateurs s’approprient l’outil et proposent des idées d’amélioration. Le déploiement se fait en toute simplicité dans toute la société. Beelse ne vient pas remplacer quelque chose. Il vient s’interfacer avec d’autres SI. Si on se place dans le contexte de l’industrie 4.0, on peut imaginer dans le cadre de la maintenance que des capteurs identifient une pièce défaillante sur une machine. Le système peut envoyer automatiquement un ordre de production à BCM, qui déclenche automatiquement une production. La GMAO indique alors au technicien de maintenance l’opération de maintenance à effectuer et il dispose de la pièce sous la main. La gestion et l’administration du service maintenance s’en trouvent simplifiées ».
FAITES LE POINT SUR LES CONNECTEURS GMAO
En résumé : des technologies qui font évoluer les méthodes de travail notamment au service Maintenance, elles soutiennent ainsi la transformation numérique des entreprises en permettent des productions et des suivis personnalisés, dans un cadre sécurisé, privé et simple d’usage.